vendredi 18 décembre 2015

De profundis

là où l'amour, la bienveillance et l'identité ont échoué, c'est à la médiocrité qu'on peut confier le périlleux chantier de l'unité.
Venez comme vous êtes à dit l'ami Ronald McDonald.
Faite juste le ménage dans vos méninges et le tour sera joué.
A quoi bon croire  quand il est si simple de se laisser aller ? car après tout vautré dans le pus de la banalité crasse, c'est juste l'esprit qui finit noyé.
A quoi sert cet encombrant compagnon qui incite à l’effort au détriment du réconfort.
Chez nous il fait chaud et c'est bon, Jaune, Noir, Blanc ont est tous cons.
Cède mon tendre ami à la capitulation et rejoint le monde  United color of Benetton.
Un univers où ton sur ton nous ferons de toi un gentil petit mouton bêlant le ouiiiiii le nonnnn au rythme des collections, oups! pardon nous voulions dire des saisons.
Ce sera toujours toi, certes débarrassé du nous mais toujours toi résumé à la somme des lieux communs qui font la pensée aujourd’hui.
Rêve avec nous mon ami du monde 2.0.
De ce futur proche où l'université sera remplacée par la café du commerce, où Mozart et Beethoven seront relégués au rang de reliques, Balzac et Céline finiront oubliés et où soldats et criminels par leurs uniformes uniquement seront différenciés.

La où aucune autre lumière ne pourra briller

Le chant de la nation avait retenti par delà les nuées.
Tous observaient maintenant l'horizon. La mine grave, ils savaient tous qu'une aube nouvelle arrivait.
Rien ne serait plus comme avant.
Apporterait elle joie et félicité ? Nul n'en jurerait pour l'instant.
Swan Jim, le visage fermé, écouta en silence le nom des victimes s'égrainer lentement,  un à un comme pour laisser à chacun le temps de s'envoler vers le ciel gris de ce matin de novembre.
Son âme, avançait maintenant sur la mince poutre de la raison en équilibre entre les précipices de la colère et du désespoir.
La minute de silence touchait à sa fin et il aurait voulu à cet instant, délivrer sa poitrine nouée d’angoisse par un hurlement de rage. Il balaya la foule du regard comme pour disperser les sombres pensées qui encombraient son esprit et s’arrêta sur un couple, c'étaient les parents d'une des victimes.
Leurs visages graves exprimaient une douleur infini, une peine infini et sans y réfléchir il se dirigeât vers eux sans même savoir ce qu'il leur dirait.
Il approcha d'eux mais fut incapable de prononcer le moindre mot.
Il resta figeait devant eux sans pouvoir agir jusqu'au moment ou la femme le prit par le bras.
Elle planta son regard dans ses yeux hagard et lui dit merci.
Elle n'exprimait aucune haine, aucune colère juste une immense tristesse.
Il ne put rien répondre et souri comme il le pu à cette bienveillance dont il aurai tant voulu être l'artisan.
Il s'éloigna l'esprit confus en fixant au loin ces gens d'une force et d'une dignité telle qu'elles avaient fait naître en lui une petite lueur au milieu des ténèbres.
Il s'était rendu à cet hommage avides d'un absolu obscure mais en repartait sur d'une choses.
Sans la foi, en l'autre, en ce qui unit un même genre, nul besoin de la perte d'un enfant ; un regard
suffira à  éteindre l’humanité.

jeudi 27 août 2015

Soumeya

Elle s’asseya sur la pelouse du parc et s'adossa à un arbre.
Là dans ses bras, Hayat sa petite fille, dormait d'un sommeil si lourd que les cris des enfants alentours génèrent à peine.
Les branches du saule, formaient au dessus d'elle une voûte protectrice qui filtraient des rayons du soleil juste ce qu'il fallait pour réchauffer ses soixante seize ans.
Tout en berçant Hayat, elle observait les hommes qui plus loin discutaient avec les autorités à grand renfort de gestes, tantôt menaçants, tantôt suppliants.
Un des jeunes du village avait prit avec lui sa guitare et là non loin d'elle il se mit à jouer.
La douce mélodie l’entraîna loin des joutes oratoires des hommes et elle regarda le paysage de ce bel après midi d’Août.
Elle fixa l'horizon là où le ciel et la terre se rencontrent comme deux chastes amants cherchant le refuge des amours interdits.
elle ferma les yeux et s'assoupie.
La musique du jeune homme l’entraîna vers des lieux familiers et elle reconnue les rues de Homs.
De la boutique de son cousin Hamza le cordonnier elle pouvait entendre le marteau qui battait le cuir et sentir l'odeur de la colle qui embaumait.
Elle s'approcha doucement et vit Ali qui se précipita hors du magasin et la serra dans ses bras.
Oumi Oumi comme tu m'a manqué.
Mon fils, c'est bien toi ?
Oui oumi c'est bien moi tu me rejoins enfin.
Mais ou suis je ?
Tu es chez nous maman, c'est fini tout est fini.
Ils sont tous là maman, Leila, Samir et papa ils vont être fou de joie quand il te verront.
Assied toi maman je vais les chercher.
Non.
Non mon fils vient, vient près de moi.
Elle ferma les yeux avec force et se mise a pleurer, mon amour que n'étais je là pour te protéger le jour ou ils sont venu.
Elle le prit et se mise à le serrer dans ses bras aussi fort qu'elle le pût.
Toi mon tout petit mon dernier, pardonne moi, pardonne moi je n'étais pas là quand ils sont venus.
Tu n'aurais rien pu faire maman, ils n'épargnaient personnes n'y les femmes n'y les vieillards n'y les enfants. Papa a bien tenté de protéger Leila mais il n'a rien pût faire.
Mais ça n'est rien car ici c'est comme avant, plus de pleures plus de peurs et on y est pour toujours.
Elle l'aurait voulu plus que tout, mais elle le serra une dernière fois et lui dit à bientôt mon fils.
Elle ouvrit brusquement les yeux, juste à temps pour voir Hayat se réveiller.
De Samir son aîné la petite avait héritée les yeux.
Elle prit dans le petit sac estampillé HCR une sucette à la fraise que la fillette attrapa en souriant.
La route sera encore longue depuis la Hongrie vers l'Allemagne.
A Cologne, elle y retrouverait un neveu qui avait réussit aux dernières nouvelles à s'y installer.
Son martyr pourrait y prendre fin.
Mais avant, elle devait s'assurer que Hayat aurait un avenir et, qu'elle serait celle qui raconterait un jour à ses enfants que sa grand mère Soumeya avait existé.

dimanche 5 juillet 2015

Civilisation contre Barbarie

Le soleil était déjà haut lorsque le bruit du klaxon le réveilla. Il tira sur sa couverture pour libérer son visage et regarder cette masse grouillante qui accélérait le pas dans toutes les directions. Les uns s'extirpaient de la bouche de métro suffoquant et haletant en quête d'air frais quand d'autres y pénétraient la mine résignée, contraint d'affronter la chaleur de ce royaume souterrain ou les désagréments habituels étaient exacerbés par la canicule écrasante de ces derniers jours. La ratp avait été pourtant prévoyante, elle offrait à ses usagés des rafraîchissement pour soulager la chaleur intolérable mais rien ne semblait pouvoir apaiser la souffrance des voyageurs.
Il se redressa avec difficulté pour s’asseoir et chercha à taton derrière lui la bouteille d'eau qu'un passager compatissant lui avait offert. Il fit couler au creux de sa main l'eau tiède et la passa lentement sur son visage.
Aurait il comme hier, à la faveur d'un remord fugace, la chance de voir un passant lui déposer au creux de sa casquette ce ticket restaurant salutaire ?
Il se lèverait alors et irait jusqu'au coin de la rue Lepic et du boulevard de l’hôpital pour acheter un kebab. Il épargnerait la moitié pour le soir, mais surtout il rêvait encore de cette bière fraîche de la veille ; blondeur au parfum amère qui soulage l'instant sans promesses à venir.
Déjà deux heures mais toujours rien.
La croix lumineuse de la pharmacie affichait maintenant "Jeudi 3 Juillet 14:38 39,7°".
Était ce la faim, la soif ou la chaleur mais le monde exécutait devant lui une danse enivrante qu'il tenta de commenter par des paroles, censés pour lui mais incohérentes au sortir de sa bouche.
Barbare!
Barbare!
Mais les cortèges sans fin d'incroyants lui jetèrent des regards interloqués pour les plus compatissant.
Il s'allongea à nouveau sur son carton et répéta en pleurant: barbare !
Il déborda sans s'en rendre compte sur le trottoir et les passants l'enjambèrent à la manière d'un obstacle qui barrait la route à leur destinée active.
Il regarda le ciel et continua à répéter : barbare!

lundi 15 juin 2015

l'océan sans mémoire


C'est aux portes du Nefoud, que les bédouins appellent aussi l’enclume qu'il fût abandonné.

Là, devant cette étendue martelée par le soleil, là dans cet océan de sable sans horizon, là où le néant côtoie l'infini, allait débuter la véritable épreuve de son existence.
Lui le marchand d'esclaves, lui le criminel honni de tous, lui qui avait juré vengeance à ses juges, se trouvait face à son destin.
Dépouillé des apparats de la vie terrestre, il était livré aux bras impitoyables du soleil qui dans leurs étreintes passionnées brûlent les chaires des amants malheureux et brisent les rêves d'issues.
Il se retourna une dernière fois pour observer les remparts de sa ville, gravant à jamais dans son esprit l'image de son passé  et débuta alors sa marche vers l'inconnu ou chaque pas, chaque regard porté à l'horizon le rapprochait d'un lieu qui n'existe que dans le cœur de celui qui espère l'impossible.
La haine au cœur et la mâchoire serrée, il se jura de revenir pour faire payer au monde son infortune.
Mais après trois jours de marche, ses propres yeux le trahissaient.
Il apercevait au loin, des caravanes de marchands qui s'évanouissaient à son appel dans les vapeurs brûlantes du désert.
Le rire moqueur du vent venait piétiner ses espoirs de salut et lui rappeler que ses seuls compagnons seraient la morsure de la faim et le baiser brûlant de la soif.
La nuit, le rire du vent se transformait en complainte et hurlait à ses oreilles des récits de regrets, d'actes manqués et de questions sans réponses.
Il se mit à sourire et brusquement un rire de dément s'empara de lui, déformant son visage. Il hurla alors un torrent d'insultes au ciel comme pour défier le destin ; mais seul le sifflement du vent vint lui répondre.
Le rire se transforma en sanglots et les larmes jaillirent. Ses yeux humides observaient maintenant le ciel suppliant qu'on lui donne la chance du retour.
Ses vaines supplications l’entraînèrent vers le sommeil et dans le songe il trouva cet oasis improbable qui offre à l'égaré l'ombre salutaire du dattier et l'eau rafraîchissante du puits.
Mais à l'aube, le rêve pris fin quand le soleil  frappa ses paupières pour lui rappeler la cruelle réalité.
Il se leva et avança droit devant lui hagard.
La colère, le désespoir, la rancœur l'avaient quitté.
Il avançait maintenant comme dépouillé de tout, s'en remettant à qui voudrait comme un amnésique cherchant le chemin de sa maison.
Et, c'est arrivé aux limites des forces humaines, qu'il s’effondra sur le sable.
L’alcool du désert, avait nettoyé son âme.
Il sentit une ombre sur lui et une main vint se poser sur son front.
Était ce la mort ?
Il s'éveilla sous la tente d'un caravanier.
L'homme qui lui faisait face, avait le visage buriné et fort de ces marins qui traversent les étendues de sable d'une rive à l'autre du désert.
Quel est ton nom l'ami ?
Mon nom ?
Oui tu as bien un nom ?
Je l'ignore, je sais juste que je marchais dans le désert.
Et bien, que peux bien faire un homme sans nom dans le Néfoud ?
Je l'ignore.
Tu es un homme à la destinée bien curieuse mon ami, choisi ton nom car je jure par celui qui tiens ma destiné entre ses mains, qu'un homme qui à traversé le Néfoud a le droit de choisir son nom et une destinée tout aussi nouvelle.




samedi 30 mai 2015

La matrice enchantée

C'était une de ces après-midi pluvieuse de mai où la clarté du printemps semblait disputer à la pénombre automnale un droit de cité crépusculaire sur la ville .
Les soubresauts de la route mêlés aux heures de fatigue l'avaient plongée  dans une douce léthargie.
Le sifflement du frein la tira de sa torpeur doucereuse, et elle put voir par la fenêtre embuée qu'elle était arrivée à destination.
Elle descendit les trois marches du bus et leva le regard sur la tour de douze étages où elle vivait avec ses enfants depuis 2001.
La plaque de plexiglas taguée indiquait "Cité des rossignols".
Elle se dirigea  vers son bâtiment où une dizaine d'adolescents canette de bière à la main semblaient défendre l'entrée de la tour comme des sentinelles défendant un fort.
L'un d'eux sans même lever le regard sur elle, ouvrit la porte métallique à la vitre brisée pour la laisser entrer à la manière d'un cerbère sélectionnant les ayants droits au passage .
Elle pénétra dans le hall, et vérifia sa boite aux lettres qui ne contenait rien à l’exception des tracts sur papier glacé proposant pour l'achat d'une pizza la deuxième à moitié prix.
Elle se dirigea vers l'escalier et commença son ascension des cinq étages qui la séparaient de son appartement, il y a bien longtemps qu'elle n'espérait plus l’ascenseur.
Elle louvoyait sur les marches pour éviter les flaques d'urine dont l'odeur rance ne la gênait même plus.
Elle avait été dans les premiers mois obligée d'appliquer sur son visage un mouchoir imbibé de lavande, mais le temps a la vertu de rendre les nez les plus délicats insensibles aux fragrances les plus abjectes.
Le tour de clés dans la serrure donna l'alerte à la maisonnée et comme à son habitude sa benjamine de neuf ans vint à sa rencontre.
L'intérieur tranchait singulièrement avec le palier.
L'entrée donnait sur un couloir impeccable qui ventilait vers les chambres et qui aboutissait au salon, principale pièce où trônait la lourde table de chêne donnée par sa mère, bien le plus précieux qui les avait suivi durant leurs différents déménagements.
Elle y posa ses clefs et prit sa fille dans ses bras.
- Où sont tes sœurs ma chérie ?
tout en mordillant un capuchon de stylo elle répondit : dans la chambre !
Elle ouvrit la porte et vit ses deux plus grandes, l'une affairée sur son portable et l'autre en plein tchat sur un réseau social.
- Ça va les filles ?
Sans lever le nez de leurs écrans elles répondirent sans conviction un "ouai" qui trahissait leur empressement à voir se refermer la porte.
Elle exécuta l'ordre qu'elle avait deviné et courut à la cuisine pour préparer un dîner avec ce que la grâce du réfrigérateur lui offrirait.
Le repas fini elle débarrassa la table et mit au lit la petite  ; elle n'espérait plus l'aide des deux grandes qui le ventre plein s'étaient à nouveau réfugiées dans leur chambre maudissant pour l'une son refus pour un nouveau portable et pour l'autre de ne pouvoir proposer à son petit ami une nuit chez elle.
Devant le miroir de sa salle de bain, elle commença à démaquiller ses yeux qui naguère avaient été si jolis mais que des nuits de sanglots avaient cernés aussi sûrement que l'eau salée érode les coques des navires abandonnés.
Pourrait elle à nouveau plaire ?
En avait elle juste envie ?
Les espoirs de secondes chances, sont les prières de ceux qui croient encore à la rédemption.
Elle, avait opposée aux décrets du destin un fatalisme résigné nourri par la lâcheté des hommes dont le courage pouvait se mesurer à l'aune du silence coupable à ses appels, dont ils faisaient preuve, une fois l'objet de leurs désirs obtenu.
Restait pour elle le royaume de la nuit où à la faveur du songe elle devenait à nouveau cette belle jeune fille amoureuse d'amour.
Là dans les limbes Mab lui contait ces histoires de palais où la pantoufle exauce les souhaits.
Demain ne serait pour elle qu'un jour de plus dans le purgatoire de l'existence où les beaux contes s'évaporent comme la rosée chauffée aux rayons du soleil printanier.


NOCRA

Il est dans un océan de peine traversé par des courants d'épreuves, une île merveilleuse du nom de NOCRA.
Elle ne figure sur aucune carte ;  elle est pourtant bien réelle mais n’apparaît qu'a celui qui est élu. L'humble peut la trouver mais elle se cache à la quête du présomptueux.
Elle est couverte d'une forêt d'arbres majestueux aux feuillets fait de lumière.
Y sont écrits des mots de vérité et de toute éternité.
Le sage y trouve patience et l'érudit le fruit de la connaissance. Pour celui qui y arrive l’âme endolorie, y est inscrit :  " ceci est un remède et une miséricorde ", et à celui dont le passé est lourd que ;  "Miséricorde s'étend sur toute chose".
Nul ne peut l'explorer en une vie car elle est à la dimension des espérances de celui qui la parcoure.
Bien des visiteurs y ont posé le regard, avide d'en faire le tour, mais "le regard leur est revenu frustré d'impuissance".
Le vent dans les feuillets, psalmodie à l'oreille du repentant les devises éclairées venues du tout vivant qui rappelle que la vie est sacrée et qu'a "toute chose mesure doit être donnée".
Alors quand la brise se lèvera:  "faite silence et écoutez afin que miséricorde vous soit accordée".
A l'indigent rassasié qu'elle aura recueilli, elle dit:  part, riche d'une partie de moi et reviens quand à nouveau la faim t’assaillira.
Invoque moi par la parole consacrée et par la permission du créateur de toute chose, j'apparaîtrai.

jeudi 14 mai 2015

La salle d'attente

Il pénétra dans l'immeuble l'angoisse au corps et la démarche mal assurée.
La lourdeur de ses cinquante huit ans pesait sur ses épaules comme pèsent sur les étagères des bibliothèques les beaux livres reliés de cuir qui ne sortent jamais et pourtant combien loquace ils auraient été si on les avait ouverts.
La voix teintée d'une gêne toute provinciale et le ton trop bas, Il se présenta à l'accueil et récita à l'hôtesse son nom et l'objet de sa présence à la manière d'un enfant de paysans se présentant à l'entrée d'une grande école de la ville.
Le sourire grenat de la jeune fille mêlé à un discret parfum de lavande le replongea dans un monde qu'il avait jadis connu mais il y a si longtemps.
Il prit place sur l'un des fauteuils de cuir et passa sa tenue en revue.
Il portait un costume de flanelle grise, seul rescapé d'un passé confortable et relique d'une carrière brillante qui avait depuis une dizaine d'années emprunté le sentier obscure de ceux qui devenu trop vieux devaient céder leur place aux fringants trentenaires armés de sourires carnassiers et de smartphones.
Il avait prétexté un rendez vous galant pour emprunter à l'un de ses amis une chemisette de marque et quelques gouttes d'un parfum trop cher pour lui à l'image d'une cendrillon usurpant sa condition pour s'assurer l'entrée d'un bal où la pacotille et le clinquant sont les gages de ceux qui sont bien nés.
Il n'avait malheureusement pas trouvé le moyen de lui emprunter sa serviette de cuir et dut se contenter d'une pochette de plastique où il avait soigneusement rangé son CV et sa lettre de motivation comme l'aurait fait un hobereaux de ses titres de noblesse pour attester de son droit à jouter avec les chevaliers de la cour.
La porte du DRH s'ouvrit comme celle du purgatoire de Dante ; apparut alors un quadragénaire aux dents trop blanches et au teint hâlé qui l’invita à entrer.
Il se leva et prit garde à dissimuler en tirant sur sa manche sa montre de quartz qu'il jugeait indigne de ce rendez vous et répondit à son interlocuteur un révérencieux : "bonjour monsieur le directeur".
Ayant passé le pas de la porte, son claquement résonna dans sa tête comme l'aurait fait le marteau d'un juge prêt à annoncer sa sentence.
Il s'avait qu'allait avoir lieu le moment fatidique où à la faveur d'un avis, pourrait se dessiner devant lui la fin de carrière honorable qu'il espérait ou s'abattre la phrase consacrée :

"Votre candidature est intéressante, mais nous n'avons hélas pour le moment aucun poste qui puisse vous correspondre."

mardi 7 avril 2015

Bébé à vendre


C'est en gros le fait divers dont les médias ont fait des gorges chaudes ce matin.
Pour rappel des faits, un couple de Roms, a cédé contre huit milles euros et une BMW d'occasion sa petite fille encore nourrisson.
Si l'événement ne manque pas de tragique voir de sordide, il à attiré à sa suite la cohorte des pharisiens habituels.
Cette foule d'enragés ce succédant sur les ondes pour crier à mort sur des parents si indignes à leurs yeux, cette multitude pierre à la main prête à lapider les coupables.
Autant d'ardeur à dénoncer force l'admiration !
Appeler une antenne de radio en plein trajet ou depuis son travail pour exprimer son indignation révèle sans aucun doute d'un très haut niveau de moralité.
On se rêve à penser d'un monde ou la bonté et le pardon auraient autant de place que la Némésis vengeresse dans la morale collective.
Un monde ou bien sur l'acte est jugé mais ou les causes de cet acte seraient également sur le banc des accusés.
Qui pense qu'on puisse vendre la chair de sa chair sans avoir touché les profondeurs obscures.
La justice veut que ce couple si condamnable soit il ait un procès équitable.
Et pas d'équité sans la présence des complices.
La misère, le désespoir, les financiers de tout bord, les patrons voyous, les consommateurs sans étiques, les citoyens aveugles ont autant leur place dans le box des accusés que ce couple.
Parrainer un enfant reviens déduction fiscal faite à douze euros par mois.
Si vous êtes du nombre de ces bonnes âmes qui ont vociféré ce matin sur les ondes pour condamné ces pauvres gens et que dans le même temps vous ne soyez associés à aucunes causes pour soulager la misère de ce monde, et bien estimé le prix de votre morale.
Non inutile de l'estimé au prix de l'or ou de l'argent, cherchez plutôt dans le fond de votre poche car son prix ne dépasse pas la dizaine d'euros.
Ils en faudra d'avantage pour vous racheter.
Vous vous émouvez et vous scandalisez du sort de cette enfant quand ça ne vous coûte que le prix de l'air.
Ou est votre émotion quand vous passez la mine dégoutté devant leur camps d'infortune.
Vous êtes vous déjà arrêté pour échanger avec eux, pour leur parler comme à vos semblables qu'ils sont, hypocrite que vous êtes ?

"Pardon, miséricorde, justice, vous fermez le royaume des cieux aux autres et vous n'y entrez pas vous même.
Vous êtes comme des sépulcres blanchis, beaux à l'extérieur et plein de toutes sortes d’impuretés au dedans
Race de vipère,  comment échapperez vous au feu de la géhenne ?" JESUS sws

Mais si toutefois et je gage que vous êtes plus nombreux que ces faux vertueux, vous êtes de ces gens qui allégeaient le fardeau des plus démunis, alors de grâce gardez vous de tout jugement mais redoublé d’efforts pour bâtir un futur meilleur.

Et si ma supplication ne vous convint guère "alors que celui qui n'a jamais pêché leur jette la première pierre."

samedi 21 mars 2015

Une bibliothèque disparait


Ils sont de ceux dont on parle au passé.
Leurs cheveux d'argent soigneusement peigné, sont les témoins des années oubliées.
Ils rythment leur vie au grès d'habitudes comme pour conjurer ce futur trop étroit pour eux.
Ils savent qu'ils sont entrés dans la demeure où le jour baisse.
Ils se rappellent du temps jadis où on s'adressait à eux avec respect.
Aujourd'hui plus de dialogue, juste un chuchotement agacé derrière la porte.
Celui du fils au téléphone disant à sa sœur "c'est ton tour ce weekend d'aller les voir."
Ils feindront de ne pas avoir entendu, et diront "embrasse les enfants et sois prudent."
A nouveau seul dans la maison, ils dîneront entourés des photos au mur attestant qu'ils ont existé.
La symphonie prend fin et voici qu'approche le requiem.
Et venue l'heure où la voiture ne sortira plus du garage.
Et où on décidera pour eux d'un dernier voyage.
On utilisera à nouveau la vieille valise de carton qui les accompagnera vers la demeure du crépuscule.
Celle ou ces femmes habillées de blanc leurs diront chaque matin :
"Alors comment va t'on aujourd’hui ?"
Et après chaque visite des leurs enfants,
Ils espéreront que sera redouté et non attendu,
Cet appel qui dira qu'ils ne sont plus.


mardi 17 mars 2015

Paysans !



La terre !
Certains en sont pétris, c'est même leurs vies.
Ceux qui nous donne la délectation par la sélection.
Ils saluent le soleil quand il se lève et redoublent d’efforts pour  finir avant l'étreinte de la nuit.
Ils sont de ces gens qui parlent peu et dont peu parlent.
Et pourtant sans eux point de salut pour les bavards.
Pour eux pas d'honneurs, n'y de statues n'y d'oripeaux, juste parfois quelques lignes dans les journaux.
Ils grattent pourtant la terre, sans jamais de cessent n'y jours de repos.
Car il faut veiller sur le bétail pour nourrir les veaux.
Pourtant à certain d'entre eux il est arrivée de semer et de ne rien récolter.
La corde attend dans la grange pour mettre fin aux sillons arides qui mènent vers le refus des usuriers.
Et de la part de la société pas même une pensée pour prix de nos denrées.
Si une émission de télé, pour les faire passer pour des crétins, des abrutis, des benêts.
L'amour est dans le prêt nous à ton dit.
Oui il est dans le près, mais hors caméra.
Ils sont les amants d'une belle sans cesse féconde, et ont assez d'esprit pour nous offrir à nous pauvres impuissants les fruits de cet amour.
Sel de la terre, nous vous devons la civilisation et nos lendemains.
Que le créateur bénisse ces mains courageuses qui chaque jour pétrissent cette terre pour notre bonheur à tous.
Merci à vous damnés de la terre,  filles et fils de la pluie et du vent.
Pouvons nous vous faire plus bel hommage, qu'en respectant le fruit de votre travail et en appréciant chacun de vos aliments.
A jamais nous sommes vos débiteurs et comme le dit le proverbe :

"Si derrière la charrue il n'y avait pas un paysan il ne pousserait que misère et chiendent."
Citation du Commandeur.